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[FRENCH] Le JDD

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Hinahon
view post Posted on 21/6/2009, 14:34




Brian molko, le JDD, 11 juin 2009


Brian Molko est un sentimental. Devant le public lyonnais, l'âme créatrice de Placebo commence son concert par ses mots: "Bonjour, nous sommes très heureux de jouer ce soir au Transbordeur, la salle de nos premiers concerts". Placebo, c'est treize ans de carrière, cinq albums écoulés à plusieurs millions d'exemplaires, des hauts, des bas... Dont le dernier en date: la défection, en 2007, de son batteur historique, Steve Hewitt, pour cause d'incompatibilité d'humeur.

Une épreuve surmontée comme le prouve ce Battle For The Sun. Comprendre: "Le combat pour la lumière"... Un titre héroïque pour une formation habituée à ausculter dans ses chansons le spleen adolescent et les tourments de l'esprit. Sans renoncer à la noirceur, cet album dévoile la part de lumière de son âme créatrice, au fil de ballades rock bien troussées, puissantes et subtiles. Explications avec Brian Molko avant le début de son concert, sous un soleil radieux.

Vous revenez avec un album au titre solaire...

Meds était sans doute un album bien exécuté, mais il offrait peu d'espoir. J'ai passé trop de temps à exister dans ma négativité. J'ai pris la décision de chercher le bon karma, l'empathie, au lieu de me renfermer sur ma peine privée, qui, d'ailleurs, a été assez bien exorcisée avec les albums de Placebo. Depuis nos débuts, chaque album est une réaction au précédent. Battle For The Sun, c'est le négatif lumineux de Meds.

Meds était un album centré sur les addictions aux drogues. Vous en êtes où aujourd'hui?
Montez dans notre loge: vous ne trouverez pas une goutte d'alcool. Là, je carbure à l'eau gazeuse. On a passé notre vie à explorer tous les aspects possibles de la débauche rock and roll. Et finalement, on se pose toujours les mêmes questions, sans avoir le début d'une réponse. Passé un certain âge, il faut prendre des décisions difficiles pour préserver sa santé mentale, physique et sa faculté de création.

Vous n'êtes pas le seul. Martin L. Gore, de Depeche Mode, ne boit plus une goutte d'alcool. Eminem vient de sortir un album sur sa nouvelle sobriété. La défonce ne semble plus être érigée en mode de vie...
Depuis les années 1960, la liste est longue des artistes tombés sous l'autel des drogues dures. Le monde rock and roll commence à bien apprendre sa leçon. Et la dernière en date, la plus traumatisante, c'est la mort de Kurt Cobain. S'il ne s'était pas explosé la tête à l'héroïne, il n'aurait, j'en suis certain, pas choisi de s'exploser la tête avec un pistolet.

Mais aurait-il écrit des chansons aussi puissantes?
La dope inhibe la créativité. Pendant un certain temps, on peut marcher aux stupéfiants et continuer à être créatif, mais à la fin, elle va tout te voler. Tout. Ta créativité, mais aussi ton âme, ta faculté de compassion, ton regard critique sur ton travail. Moi, j'ai écrit pour la première fois sans drogues, c'était un challenge. Et je suis fier du résultat.

Facile de retrouver une alchimie au sein du groupe après le départ de Steve Hewitt?
Nous n'avons jamais songé à arrêter Placebo. Pour faire quoi ? Je ne sais pas conduire, je ne serais même pas foutu d'être chauffeur de taxi. Nous voulions travailler avec un artiste qui n'ait pas encore été rendu cynique par le business, comme nous le sommes un petit peu. Steve Forrest est jeune, californien, surfeur, et naturellement positif. Stef et moi sommes européens et naturellement dépressifs. Par osmose, nous sommes infectés par son enthousiasme.

On vous présente souvent comme un groupe pour adolescents mélancoliques. Vos fans de la première heure, aujourd'hui adultes, sont toujours fidèles?
Oui, ils sont seulement un plus loin au fond de la salle. A chaque album, une nouvelle génération d'adolescents occupe les cinq premiers rangs. Je me demande toujours comment des mecs de 35 ans arrivent encore à communiquer avec les jeunes. Je ne cherche pas de réponse à cette question, sinon la magie pourrait s'évaporer...

Quand vous chantez: "Il est difficile de concilier l'adulte que je suis devenu avec l'enfant blessé". Cela parle aux adolescents...
J'ai lu dans la presse anglaise, la grande presse anglaise [rires], un article sur Michael Jackson. En gros, le développement émotionnel de l'artiste s'arrêterait au moment où il devient célèbre. Pour le cas de Michael Jackson, son développement émotionnel se serait donc arrêté vers 10-12 ans. Raison pour laquelle il serait un adulte perdu, une personne plus épanouie dans l'univers enfantin. Pour moi, ça se situerait vers 22-23 ans. Et c'est pourquoi je suis un adolescent encore un peu manqué. Mais c'est toute l'histoire du rock and roll: la recherche d'une adolescence éternelle. Regardez Mick Jagger, on essaie tous d'être des Peter Pan.

CD. Battle For The Sun (Pias)

Propos recueillis par Eric Mandel

 
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