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[FRENCH] Musique Info

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Hinahon
view post Posted on 16/10/2009, 19:20




Le dernier opus du groupe dont il est leader, Placebo, réalise des scores de vente jamais égalés, alors même que le groupe a décidé de passer de la major EMI à l’indépendant, Pias, et son fameux contrat Integral. Même si ça n’est pas sa tasse de thé, Brian Molko parle business avec Musique Info, et en français dans le texte.

Vous avez été classé numéro 1 dans 9 pays à la sortie de votre nouvel opus, Battle For The Sun, et Top 5 dans 19 autres. Comment expliquez-vous ce succès inédit ?
Nous avons retrouvé notre mojo créatif. Nous avons passé plusieurs années ensemble dans un groupe pas très heureux, qui ne s’entendait pas très bien. Nous avons procédé à des changements de membres et sommes allés chercher l’harmonie, une nouvelle famille. A travers la découverte de cette nouvelle harmonie, nous avons aussi trouvé la liberté d’entrer en studio et d’être vraiment très ambitieux. Cette joie a influencé l’atmosphère optimiste du groupe et a favorisé la création. Les gens ont du ressentir cela, et de ce fait aimer notre musique, puis acheter l’album !

En termes de création, qu’aviez-vous en tête lorsque vous êtes entrés en studio?
A chaque fois que nous réalisons un album, la plus grande influence est le précédent opus. Il nous donne un schéma de ce que nous ne voulons pas refaire. Avec un peu de distance, nous avons trouvé que Meds, notre précédent album donc, était très sombre, n’offrant pas beaucoup d’espoir à celui qui l’écoute. Nous voulions donc cette fois ci faire quelque chose procurant plus d’espoir et de couleur. C’est la seule chose que nous nous soyons dite avant d’entrer en studio. Nous essayons d’avoir un processus créatif le moins intellectuel possible, très instinctif. Nous suivons la musique, et les chansons nous prennent.

Etes-vous satisfait du résultat ?
On ne fait jamais l’album que l’on a envie de faire, on fait l’album que l’on peut faire. Nous sommes entrés en studio avec beaucoup plus de chansons que d’habitude. Nous en avons enregistrées 18 et en avons choisi 13 pour l’album. Quelques-uns des titres non utilisés seront en bonus dans le boxset.

Que s’est-il passé avec EMI ?
Notre relation avec EMI était devenue très frustrante à la fin, particulièrement en France. Je voyais des gens que je respectais, qui essayaient de suivre notre ambition de leur mieux, mais qui malheureusement étaient menottés par des comptables. Au départ, en 96, nous étions sur un petit label d’EMI, un peu comme un label satellite, qui s’appelait Hot Records. Cinq années plus tard, toutes les personnes passionnées de musique qui travaillaient avec nous chez EMI à Londres s’étaient faites virer ! Tout cela était très frustrant, il nous fallait donc changer…D’où la volonté de sortir notre album de façon indépendante, avec l’aide de Pias, et aussi de modifier le groupe lui-même. Nous cherchions la renaissance. C’est à travers cette renaissance complète que nous avons pu créer ce nouvel album, qui en plus est celui qui rencontre le plus de succès. Nous avons eu le courage de le faire, et je pense que c’est cela qui est important. Et heureusement que nous avons eu le courage de le faire car nous avons pour une fois eu la possibilité de faire un véritable album, sans que personne d’une maison de disques ne soit en train de nous mettre la pression pour savoir combien il y aura de singles susceptibles de passer en radio !

Comment avez-vous travaillé avec les gens de Pias ?
Les gens de Pias sont des passionnés fous de musique. C’est pour cela qu’ils sont restés dans la branche indépendante de la musique. Leur façon de voir les choses est plus axée autour du concept de passion, et moins autour de celui de star. Ces gens sont de l’inspiration. Nous nous sentons vraiment chez nous là-bas. Ca a été un bonheur de leur confier nos promotion, marketing et distribution.

Vous avez un jour dit que Placebo n’était plus « a band » (un groupe) mais « a brand » (une marque). Pensez-vous aujourd’hui que, grâce à tous les changements évoqués, vous êtes redevenus « a band » ? Et notamment grâce au départ du batteur, Steeve Hewitt ?
Absolument. Nous ne sommes plus la marque Placebo, nous sommes vraiment redevenus un groupe. Nous avons retrouvé la fraternité entre les membres du groupe que nous avions perdue, et cela grâce au départ de Steeve.

Envisagez-vous de développer l’activité de votre label, notamment en signant d’autres artistes ?
Non, j’ai plutôt envie de rester égoïste pour le moment !

Pour votre prochain album, pourriez-vous envisager de tout faire par vous-même ?
Il est beaucoup trop tôt pour se prononcer sur ce genre de question, l’album vient tout juste de sortir… Mais tout faire par soi-même demande, quoi qu’il en soit, beaucoup plus de travail. Nous vivons au jour le jour et n’avons pas de stratégie pour bâtir un empire. Pas encore en tous cas !

Nous parlions plus tôt de marques, est-ce que vous travaillez pour des marques ? Plus globalement, pensez-vous qu’en ces périodes difficiles pour la vente de disques il soit indispensable de trouver de nouvelles sources de revenus ?
Je ne travaille pas directement pour des marques. Nous faisons des tubes, qui ensuite peuvent être utilisés. Si une marque venait me voir en direct pour me commander un morceau, tout dépendrait de la marque, du rapport que nous avons avec elle, et du fric aussi, bien entendu. Pour vendre son âme à Satan, il faut qu’il ait vraiment un énorme chéquier. Après, il faut avoir du temps, aussi, pour diversifier ses sources de revenus. Bien sur, il y a le merchandising, qui a toujours existé. Quand un groupe part en tournée, il devient une petite entreprise à lui tout seul, indépendante de la maison de disques. Des idées inventives en matière de merchandising, ça a toujours été très important. Mais je dois avouer que tout ce qui tourne autour du business n’est pas ce pour quoi je fais ce métier ! Je ne suis pas devenu guitariste et compositeur pour faire des interviews et du marketing ! Je fais ce métier pour me remplir l’âme. Je préférais l’époque, plus simple, où les artistes faisaient des albums sur vinyle, avant internet et tout ça !

Vous avez collaboré avec Jane Birkin ou Indochine. Y a-t-il d’autres artistes français avec lesquels vous aimeriez travailler ?
Comme en ce moment je n’ai pas le temps de faire ce genre de choses, je dois avouer que je n’y pense pas. Et si certains artistes français ont retenu mon attention, je ne les mentionnerais pas. Je suis en train de parler de Placebo, pas question de faire de la promo pour d’autres artistes !

La France reste-t-elle pour Placebo une grosse source d’inspiration ?
Dès le début, c’est le pays qui nous a le mieux accueillis, à bras ouverts. Nous avons une véritable histoire d’amour avec la France, et je pense que cela vient du fait que c’est un pays qui a une longue tradition de romantisme littéraire. Si vous regardez les groupes anglo-saxons qui fonctionnent très bien en France, vous allez trouver The Cure ou Depeche Mode, des groupes qui comme Placebo ont une espèce d’abandon romantique dans l’écriture.

Mais comme il n’y a pas que la France, vous voilà partis sur les routes pour un bon bout de temps semble-t-il…
Oui nous partons pour une tournée de deux ans, avec un passage aux Etats-Unis en septembre.

Recueilli par Maud Philippe-Bert
 
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